La neurodiversité désigne à la fois la variabilité neurologique de l’espèce humaine et les mouvements sociaux visant à faire reconnaître et accepter cette différence.
C’est donc un sujet tant pour les sciences dures (neurosciences) que les sciences molles (anthropologie, psychologie…).
Le terme neurodiversité est évoqué la première fois, par Hans Asperger (celui qui a donné son nom au syndrome d’Asperger), dans une lecture publique en 1938. Mais il faut attendre 1998 et l’article « Neurodiversity » de l’écrivain américain Harvey Blume pour que le terme devienne officiel.
Pour comprendre le terme « neurodiversité » il suffit de penser à celui de « biodiversité ».
C’est le même concept, appliqué au fonctionnement neurologique : tous différents, mais chacun permettant à l’autre d’exister. Les différences neurologiques ont toujours existé, elles ne sont pas des troubles ou des pathologies à éradiquer comme les « mauvaises herbes » qui sont un élément essentiel de la biodiversité. La neurodiversité est une richesse qu’il faut reconnaître, respecter, protéger et non détruire, car elle enrichit et maintient l’équilibre de l’humanité.
Aujourd’hui des milliers de Française.es se découvrent « hypersensibles » sous les coups de butoir d’ouvrages hyper médiatisés. Des livres à succès, qui permettent à 25% de la population de se sentir concernés par le sujet, outragés de n’avoir pas été compris et reconnus avant. Avant qu’eux-mêmes ne se reconnaissent comme tels. Pour filer l’allégorie, l’hypersensibilité est le nouvel arbuste à la mode derrière lequel disparaissent les autres espèces de la biodiversité qui peinaient déjà à exister. Moins esthétiques, plus singulières, elles ont surtout un potentiel de vente plus faible puisqu’elles sont plus rares. Je parle ici des 5% de Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA-H), des 2,5% de HPI, des 1% d’autisme (dont Asperger), des 1à à 15% de gauchers et des 5 à 15% de dys ((Dyslexie, Dyscalculie, Dysorthographie,….).
Et nous retrouvons ici la bataille de toutes les espèces naturelles : le particulier versus le collectif.
Depuis toujours je répète que les HPI sont comme une sous-culture à l’intérieur d’une culture dominante. Cette assertion vaut évidemment pour l’ensemble des neuro-atypiques. Il est difficile pour TOUS ces individus de vivre en permanence avec le sentiment de devoir taire leur spécificité au profit d’un collectif qui le leur rend si mal. Le propre de l’universalité est de valoriser toutes les différences qui permettent la diversité.
C’est donc un enjeu sociétal qui concerne l’espèce humaine toute entière.
Dans la nature les espèces cohabitent. Il existe des espèces pionnières, qui, en générant des changements de l’écosystème, favorisent l’apparition d’autres espèces. Cette succession permet d’atteindre le climax, c’est-à-dire l’état final d’une succession de stades d’un écosystème qui ne subit plus de changement. Il existe aussi des espèces invasives, qui mettent en péril la biodiversité : Homo Sapiens est la plus invasive d’entre elles qui a colonisé la planète en moins de 100 000 ans.
Mais la biodiversité est résiliente, elle possède la capacité de retrouver les structures de son état initial après une perturbation. Comment ? Grâce à la diversité, à la fonction que certaines espèces assurent au sein de l’écosystème. Cette diversité est le gage d’une meilleure capacité de résilience.
Il est assez incompréhensible, dans une époque, si sensibles à la notion de Diversité, de devoir encore justifier de l’existence de la neurodiversité humaine. Ces profils atypiques sont des atouts, que notre obsession de normalité et d’égalité (et non d’équité) nous empêche de valoriser. Nous prenons pour des exigences naturelles des normes qui ne sont que les produits de la culture.
La neurodiversité est un état naturel, qui, en tant que tel, n’a nulle obligation de justifier son existence, et ne devrait en aucune manière être assujetti à exiger une égalité de droit ou de traitement.